07.04.2024 - Strauss' "Salomé" im OPÉRA-THÉÂTRE EUROMÉTROPOLE DE METZ
Après Frankfort en janvier, Valence en février et Wexford en mars et avant Paris en mai, Houston en juin et Vienne en juin-juillet, c’est Metz en ce débit d’avril de présenter Salomé pour trois représentations. Réduit en nombre de protagonistes, il faut au premier des opéras sanglants de Strauss deux cents musiciens dans la fausse, et seize sur le plateau. Il lui faut surtout un chef osant dominer un territoire musical difficile, et des interprètes ayant une conception affirmée de leurs rôles.
La fosse de l’opéra messin ne pouvant contenir un tel orchestre, les loges latérales sont réquisitionnées par la harpe, le xylophone et les autres instruments encombrants.
Version française ici, - sans que le traducteur soit précisé (sic)-, cette Salomé interroge.
Mettons de côté les erreurs de mise en scène de Joël Lauwers allant du Jocanahan de Pierre-Yeves Pruvot soigné, statique et embrassant Salomé, en passant par une danse des sept voiles réduite à deux pas de valses avec Hérode en une scène incongrue, à une adresse à la tête décollée tournée vers l’auditoire, elle serait aussi longue qu’ennuyeuse. Passons également sur le délicat problème de la conception vocale des personnages, allant de l’Hérode de Milen Bozhkov, aussi peu crédible vocalement que scéniquement, suivant les vœux du metteur en scène, par le Naraboth de Sébastien Droy, certes plaisant mais nullement frustré sexuellement et mieux assorti sans doute à Massenet, Gounod ou à la rigueur Debussy, à la difficile interprétation de Salomé de la jeune Hedvig Haugerud bataillant entre l’orchestre, les aigues et une direction d’acteur absente, et la très juste incarnation d’Herodias de Julie Robard-Gendre, mère hystérique en guerre ouverte contre son mari, qui se sert de sa fille pour gagner. Mettons enfin de côté la retenue de la chef d’orchestre Lena-Lisa Wüstendörfer, qui, bien que maitrisant son instrument, n’ose pas la folie intrinsèque à la partition, comme la danse des sept voiles le montre, - elle est possiblement le clou du spectacle.
Ce qui manque ici, comme le décor imaginé par Helmut Stürmer en un café ou d’une maison bourgeoise viennoise, le libretto plus que traduit francisé de l’œuvre, la retenue de l’orchestre et le plaisant des voix de Jocanahan et de Narranoth le montre nolens volens, c’est la folie, le sang, les psychologies à vif. Tout ce qui était aigue, acéré, sexuel, tranchant est éliminé pour une joliesse aussi énucléée que rassurante.
Tout ? Non ! Certains éléments comme l’Hérodias de Julie Robard-Gendre, l’opéra contre la mise en scène, et ce qui darde sous la baguette et le libretto, révèlent la nature sanglante, tragique et ignifère de l’œuvre. Cette Salomé est une prairie fleurie et non d’un fleuve de sang, une sorte de Massenet sans la sensualité.
Andreas Rey
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Deutsch
Nach Frankfurt im Januar, Valencia im Februar und Wexford im März und vor Paris im Mai, Houston im Juni und Wien im Juni-Juli ist es Metz, das im April dieses Jahres Salomé für drei Vorstellungen präsentiert. Die erste von Strauss‘ Opern ist aufgrund ihrer reduzierten Protagonistenzahl auf zweihundert Musiker und sechzehn auf der Bühne angewiesen. Es braucht vor allem einen Dirigenten, der es wagt, ein schwieriges musikalisches Terrain zu betreten, und Interpreten mit einer starken Vorstellung von ihren Rollen.
Da der Graben des Metzer Opernhauses kein solches Orchester aufnehmen konnte, wurden die Nebenlogen von der Harfe, dem Xylophon und anderen sperrigen Instrumenten beschlagnahmt. Es erklang die französische Version hier – ohne Angabe des Übersetzers (sic).
Lassen wir die Inszenierungsfehler von Joël Lauwers beiseite, die von Pierre-Yeves Pruvots Jocanahan, ordentlich, statisch und Salomé küssend, über einen auf zwei Walzerschritte reduzierten Tanz der sieben Schleier mit Herodes in einer unpassenden Szene bis hin zu einer Ansprache an den ihm zugewandten Kopf reichen. Für das Publikum war es so langweilig, wie es war. Kommen wir auch zum heiklen Problem der stimmlichen Konzeption der Charaktere und gehen von Milen Bozhkovs Herodes, der nach den Wünschen des Regisseurs stimmlich und szenisch ebenso wenig glaubwürdig ist, zu Sébastien Droys Naraboth, sicherlich angenehm, aber keineswegs sexuell frustrierend und nein zweifellos besser zu Massenet, Gounod oder, streng genommen, Debussy passend, zu der schwierigen Interpretation von Salomé durch die junge Hedvig Haugerud, die zwischen dem Orchester, den Höhen und der Regie eines abwesenden Schauspielers kämpft, und zu der sehr treffenden Inkarnation von Herodias von Julie Robard-Gendre, als hysterische Mutter im offenen Krieg gegen ihren Ehemann, der ihre Tochter benutzt, um zu gewinnen. Legen wir endlich die Zurückhaltung der Dirigentin Lena-Lisa Wüstendörfer beiseite, die zwar ihr Instrument beherrscht, sich aber nicht an den der Partitur innewohnenden Wahnsinn wagt, wie der Tanz der sieben Schleier zeigt, – das ist möglicherweise der Höhepunkt der Show.
Was hier fehlt, etwa der von Helmut Stürmer imaginierte Schauplatz in einem Café oder einem Wiener Bürgerhaus, das mehr als übersetzte französische Libretto des Werkes, die Zurückhaltung des Orchesters und die angenehmen Stimmen von Jocanahan und Narranoth, zeigt das nolens volens, es ist Wahnsinn, Blut, rohe Psychologien. Alles, was scharf und sexuell war, wird eliminiert für eine Schönheit, die ebenso langweilig wie beruhigend ist.
Alle ? NEIN ! Bestimmte Elemente wie Julie Robard-Gendres Hérodias, die Oper im Vergleich zur Inszenierung und das, was sich unter der Leitung und im Libretto abspielt, offenbaren die blutige, tragische und feurige Natur des Werks. Diese Salomé ist eine Blumenwiese und kein Fluss aus Blut, eine Art Massenet ohne Sinnlichkeit.
Andreas Rey
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